Mission impossible

«Il n’y a rien à faire, docteur, je suis excessivement nerveuse.»
«Je suis née très émotive, je ne pourrai sûrement jamais changer cela.»
«J’ai toujours eu les nerfs à fleur de peau, il va falloir que je vive toute ma vie comme ça.»

Des témoignages d’abandon et d’impuissance devant la possibilité de contrôler ses nerfs et ses émotions, j’en entends tous les jours. La très grande majorité des gens pensent vraiment qu’il n’y a rien à faire et cela est malheureux car c’est absolument faux. Ce sont ces témoignages qui m’ont amené à écrire ce livre afin de fournir à ces personnes les moyens nécessaires pour vivre enfin plus heureux.
Les nerfs ou les émotions, ça se contrôle. Nous avons vu au premier chapitre que les émotions sont des réactions acquises automatiquement tout comme nos autres habitudes. Nous ne venons pas au monde nerveux ou émotifs. Nous apprenons à travers notre apprentissage et notre éducation à réagir émotivement aux faits et aux situations qui nous entourent. Tout comme nos autres habitudes, nous les acquérons et, fait très intéressant, nous pouvons aussi les perdre.

 

Je ne comprends pas.
Un homme se présente à mon bureau. Il a un léger excès de poids. Il est âgé de 34 ans. Il m’explique qu’il n’a généralement pas de problème avec son alimentation sauf à l’occasion, quand survient une fringale bizarre, totalement inexplicable. La veille de sa visite au bureau, il en avait été justement atteint. C’est après une sortie au théâtre avec son épouse, soirée d’ailleurs très intéressante et réussie, que, de retour à la maison, la fringale s’est manifestée. En questionnant plus à fond cet homme, il finit par avouer qu’il aime beaucoup le théâtre mais qu’à chaque fois qu’il met les pieds dans une salle de spectacle, il ressent un malaise inexplicable.

«Dans le fond, je me sens mal pour les comédiens. Et vous me faites penser qu’après chacune de mes visites dans un théâtre, j’ai une de ces fameuses fringales ridicules.»
Le premier maillon de la chaîne était trouvé: ses fringales survenaient à la suite d’une émotion, de ce sentiment de malaise qu’il éprouvait pour les comédiens.

 

En le questionnant sur son passé, il m’apprit qu’adolescent il jouait du piano. Un jour, il avait été pressenti pour accompagner un jeune chansonnier à ses débuts. Le soir de la représentation, il était bien sûr très nerveux. La salle était bondée, l’annonceur-maison présente le chansonnier. Il entame les premières mesures au piano et subitement la tablette qui retient les partitions tombe, c’est la catastrophe. Un grand éclat de rire fuse de la salle. Notre pianiste est sous le coup de l’émotion, il replace la tablette et les partitions et recommence son intro musicale. Inutile de vous dire que tout le spectacle fut pénible pour notre musicien.

Pendant qu’il me racontait son histoire, je voyais qu’il comprenait mieux maintenant son comportement bizarre. Plus de 15 ans plus tard, à chaque fois qu’il mettait les pieds dans une salle de spectacle, même s’il ne faisait pas consciemment le rapprochement avec son expérience passée, automatiquement il revivait la même émotion ou presque.

 

L’être humain est ainsi fait. Les émotions que nous vivons sont toutes emmagasinées dans notre cerveau. L’exemple suivant va nous aider à comprendre comment nos émotions sont classées dans notre subconscient. Vous vous souvenez sans doute des phonograhes que l’on trouvait dans certains restaurants ou salles de danse. Les disques étaient alignés et, suite à votre commandement, un bras venait chercher le disque désiré afin de le faire jouer. Dans notre cerveau, nos émotions sont gravées comme sur un disque et sont en attente d’être jouées. Dès qu’un fait ou quelque chose rappelle un tant soit peu l’émotion enregistrée, automatiquement c’est l’ancien disque qui va jouer avec son intensité ancienne. La mémoire ne joue aucun rôle dans ce mécanisme. Que vous vous souveniez ou pas de l’incident passé, c’est automatiquement et sans aucun contrôle conscient que le vieux disque va jouer, c’est-à-dire que vous allez revivre votre ancienne émotion.

 

Autre fait important à retenir, l’intensité du fait qui déclenche ce mécanisme peut être dérisoire, tout à fait minime par rapport à la situation première. En autant que le fait rappelle, même inconsciemment, l’émotion passée, c’est la vieille réaction émotive qui va s’exprimer avec presque la même intensité. Vous avez peut-être déjà été témoin de la réaction d’une personne qui vient de perdre son chien. J’ai souvent constaté des réactions émotives presque aussi violentes que si la personne en question venait de perdre un proche parent ou un enfant. Une fois le mécanisme déclenché, tout se passe comme si c’était le vieux disque qui jouait.

 

Aussi, même si parfois les individus n’arrivent pas à comprendre tout de suite leurs réactions émotives, cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’y ait pas d’explication, ni de solution.

Excerpt From: Maurice Larocque. “Maigrir par le contrôle des émotions.” Apple Books.

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